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Photo du rédacteurRédaction du Fén'ix

Afrofuturisme: quand les voitures volantes rencontrent les traditions africaines

Dernière mise à jour : 10 mai 2023

L’afrofuturisme est un mouvement artistique où vient se mêler la culture africaine et afro-américaine avec la science-fiction et une vision du futur assez technologique. Que cela soit dans le domaine de la mode, de la peinture, de la sculpture ou de la musique… l’afrofuturiste touche à tout ! Plus qu’un courant artistique, l’afrofuturisme est un message d’espoir et un symbole d’émancipation pour la communauté noire. On en apprend plus ensemble.


L’« afrofuturisme » est un terme qui a été employé pour la première fois en 1994 par Mark Dery dans son œuvre Black to the future, mais en réalité c’est un mouvement en éclosion depuis les années 60. Dans les premiers écrits afrofuturistes, on trouve des héros africains et afro-américains qui sont enfin les protagonistes d’une histoire où on expose une vision du futur dans laquelle la culture africaine est présente et a même une place centrale. L’afrofuturisme serait un moyen de connexion de la diaspora africaine et d’expression d’un concept décolonial. L’idée de certain.es artistes du mouvement serait de montrer à quoi l’Afrique ressemblerait si elle n’avait pas été colonisée, ou de créer un concept afro-dominant en utilisant les dystopies du passé pour créer une idée du futur où les noir·e·s ont leur mot à dire. C’est un moyen d’assurer la non reproduction de tels événements envers la communauté noire.


L’afrofuturisme peut être considéré comme un sous-genre de la science-fiction dans certains domaines artistiques, notamment en littérature. Pourtant, avec le temps, ce concept est devenu une réelle prise de position politique, notamment lors de la lutte pour les droits civils aux Etats-Unis et a repris une place importante lors du mouvement Black Lives Matter. En effet, quand on parle de la communauté noire et de ses droits, parler de l’afrofuturisme c’est inévitable ! Le mouvement est un réel moyen d’émancipation où les artistes noir·e·s se sentent libres d’exprimer des histoires ou des visuels à leurs images. C’est aussi un moyen de défendre d’autres causes actuelles, comme le fait l'artiste kéynan Cyrus Kabiru qui aborde le sujet de l’écologie et de la situation de l’Afrique dans ce domaine. Il questionne l’avenir de la planète et de l’Afrique face à la crise écologique à travers des créations de paires de lunettes afrofuturistes. Ces créations sont faites à partir de déchets trouvés dans les rues du Kenya, on y retrouve une trace de son histoire et de sa culture.


La place de l’afrofuturisme dans la musique


L’afrofuturisme a pris une place importante dans la musique depuis des années. Dans le jazz ce phénomène a rapidement commencé à s’implanter avec un sous-genre clé, le jazz fusion. Mélangeant les caractéristiques du jazz traditionnel avec les caractéristiques du rock ou encore de la funk. C’est une rencontre entre deux univers que l’on pourrait qualifier comme l’ancêtre de l’afrofuturisme. Comment parler de jazz et d’afrofuturisme sans parler de Sun Ra ? C’est un jazzman afro-américain que l’on caractérise d’ovni, qui a créé un univers afrofuturiste mystique et impressionnant qui laissera une trace dans le monde du jazz et de l’afrofuturisme pour toujours. Il s’inscrit comme une légende avec une musique envoûtante riche et devient par là le symbole de la musique noire.


SUN RA


Si on s’intéresse à une autre artiste qui s’inscrit également dans ce courant, symbole inévitable de la communauté noire, il faut citer Erykha Badu. Depuis les années 2000 la carrière d’Erykha n’a fait qu’évoluer dans un univers engagé, spirituel mélangeant R&B, soul, neo soul, jazz, hip-hop. Elle a su s’imposer dans le paysage musical universel, mais ce n’est pas le seul aspect de sa personne qui a marqué une grande partie de la communauté noire. Erykha Badu est indéniablement une icône de la mode. Elle est aujourd’hui l’une des plus fidèles représentations de l’esthétique afrofuturiste.


Parlons afrofuturisme et mode


L’artiste Erykha Badu, jugée pour ses tenues dites extravagantes, est pourtant une des icônes de ce mouvement. Elle mélange des pièces traditionnelles avec des habits plus modernes, parfois avec des esthétiques dites “futuristes”. Ses bijoux en or, ou même ses iconiques barrettes abeilles rendent son style singulier et hypnotisant, elle vient se ranger comme figure emblématique du mouvement afrofuturiste.


La mode, l’esthétique afro-futuriste, est un mélange de cyborgs, d'habits métalliques ( à la C-3PO) et de vêtements traditionnels, à base de pagnes et de motifs tribaux. L’afrofuturisme est l’inspiration des artistes noir.e.s connu.e.s aujourd’hui. La reine de la pop plus communément appelée Beyoncé en est une preuve avec par exemple le clip de son titre Alien superstar, ou encore Woman de Doja Cat.

La mode et l'esthétique afrofuturiste, c’est le désir de montrer sa réelle identité. Par l'énergie que l’on renvoie, on expose une certaine image de nous, on revendique le droit d’exister. Voilà pourquoi le mouvement afrofuturisme est si important, c’est le désir des africains et des afro-américains d’être vus, de revendiquer leurs racines et un futur sans discriminations.


Un lien étroit entre la mythologie égyptienne et l’afrofuturisme


En parlant justement de racines, les origines mêmes de ce mouvement remontent à loin,même très loin…l’Egypte Antique. Cette civilisation noire, supposée blanche par la plupart des historiens -blancs- est une des inspirations majeures de l’afrofuturisme. En effet, du côté de la musique de grands musiciens de jazz afro-américains tels que: The Pharaohs, Cecil Taylor, Pharaoh Sanders revendiquent de par leurs noms, leurs pochettes d’albums, leurs chansons, un lien personnel avec l’Egypte Antique, tout du moins aux légendes liées à cette époque. Les progrès phénoménaux difficiles à reproduire même aujourd’hui, leur avance considérable sur leur temps, c’est sur cet héritage que l’afrofuturisme base son message, ce passé glorieux projeté sur le futur : cette référence à l’Égypte ancienne à l’intérieur de musiques, récits portant sur l’avenir est caractéristique de l’afrofuturisme.


Sun Ra, l’artiste pionnier, marque une nouvelle fois l’histoire, outre sa musique c’est plutôt sa philosophie de vie qui nous intéresse ici. Tout d’abord, rien que son nom: Râ, dieu du soleil égyptien. Son univers était une ré-interprétation de l’Égypte ancienne dans laquelle lui et ses disciples étaient habillés en rois, prêtres et divinités égyptiennes, ses idées y sont bien expliquées dans son film, Space is the Place sorti en 1974: Sun Ra fait un voyage dans le temps, l’espace dans son “Arkestra”, référence à la barque dans laquelle le dieu Râ traverse le ciel. D’ailleurs, Sun Ra est souvent habillé de tenues empruntées à celles que les pharaons portaient…


D’un point de vue spirituel, la croix appelait “Ankh” signifiant “la vie” ou même encore “je suis” en égyptien, signifiait pour eux que leur vie sur terre n’était qu’une petite partie de la vie éternelle qu’ils vivraient après la mort : l’existence mortelle et immortelle. Représentés et portés par les dieux et déesses de la mythologie égyptienne, les égyptiens accordaient une grande importance à ce signe et à ce qu’il représentait, et les artistes de l’afrofuturisme aussi ! La célèbre artiste, Erykah Badu, ne se séparait jamais de sa bague “Ankh”, elle lui donna même le nom d’un de ses albums les plus connus: New Amerykah Part Two (Return of the Ankh), sorti en 2010, elle s'approprie même le signe et le revendique dans la vie de tous les jours.


L’Afrofuturisme ce n’est pas juste un mouvement artistique, littéraire, musical, c’est un mode de vie, la revendication et la volonté d’être vu, d’exister de la part de tout un peuple, c’est pourquoi il est important de s’intéresser à autre chose que sa propre culture et mieux apprendre sur le monde qui nous entoure pour mieux apprendre la vie en communauté et l’acceptation d’autrui !


Evene et iottel







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