top of page
Philéas

Laisserons-nous les langues régionales disparaître ?


La France est un pays riche d’une grande diversité linguistique, au carrefour de l’Europe, 9 langues se partagent le territoire métropolitain : Les langues d’oïl; l’Occitan; le Breton; le Catalan; le Flamand occidental; le Basque; le Franco-Provençal (ou Arpitan); les dialectes germaniques (Alsacien, Francique...) et le Corse. Certaines de ces langues se divisent en dialectes, comme les langues d’oïl avec le Français ; le Picard (ou Ch’timi) ; le champenois ; le bourguignon ; le gallo... L’occitan avec le gascon ; le Provençal l’auvergnat ; le Limousin ; le languedocien... ou encore le Franco-Provençal avec le savoyard ; le lyonnais...


La diversité linguistique est pourtant en très grand danger, les langues d’oïl sont constamment dévalorisées, elles ne sont pas champenois ou poitevin mais patois, mot magique pour désidentifier et dévaloriser les langues, elles ne se transmettent plus et ne s’enseignent pas ou très peu. Les 8 langues régionales (Tout à fait différentes du Français du point de vue linguistique) s’en sortent elles un peu mieux mais sont aussi en déclin et en danger, malgré parfois l’appui de pays ou régions voisines (Flamand, Catalan, Basque...). Or, quand une langue ne se parle plus, elle disparaît. En Italie, par exemple, les langues et dialectes régionaux sont bien mieux protégés et sont beaucoup moins en déclin qu’en France. L’occitan et le Franco-Provençal sont reconnus officiellement par la législation italienne ! Ce qui a beaucoup d’effets : par exemple, il y a plus de locuteurs du Franco-Provençal en Italie qu’en France alors que la partie française du territoire du Franco-Provençal est beaucoup plus vaste et beaucoup plus peuplée que la partie italienne.


Pourquoi défendre les langues régionales ?


Il est pourtant nécessaire de défendre les langues régionales, tout d’abord pour le patrimoine, pour le travail des linguistes, des historiens. Mais aussi pour un aspect cognitif et éducatif, les enfants bilingues auraient une flexibilité mentale que n’auraient pas des enfants qui ne parlent qu’une langue. Selon une étude de chercheurs de l’institut Rotman de Toronto, parler deux langues ou plus quotidiennement retarderait même de plusieurs années l’apparition de la maladie d’Alzheimer chez les personnes âgées. Enfin, il est important de sauvegarder les langues régionales afin de déconstruire le mythe de la France éternelle et ses 1000 ans d’existence, c’est le moyen de montrer que la France n’a jamais été que le pays du béret, de la baguette et de la tour Eiffel mais un pays avec multitude de langues, de traditions, de cultures. Un pays qui unit les différences et en fait sa force.


Comment défendre les langues régionales ?


Beaucoup de gens se démènent aujourd’hui pour défendre les langues régionales, sur le plan associatif, de nombreuses écoles bilingues français/langue régionale (Diwan pour le breton, Calandretas pour l’Occitan...) sont créées. Sur le plan politique, la loi du 21 Mai 2021 portée par Paul Molac, député régionaliste breton, réussit à inscrire dans la loi la protection patrimoniale des langues régionales et la généralisation de l’enseignement des langues régionales de la maternelle au lycée. Ainsi dans l’académie de Lille, on peut aujourd’hui se voir enseigner le picard ou le flamand occidental. Toutefois certaines dispositions de cette loi ont été censurées par le conseil constitutionnel au nom de l’article 2 de la constitution : « La langue de la république est le Français ». Cela n’est pas la première fois que cet article 2 est utilisé afin d’empêcher toute avancée législative en matière de langues régionales. C’est pour cette même raison que certaines associations défendent l’inscription de la protection des langues régionales dans la constitution ou même la co-officialité dans les régions concernées, comme en Espagne où le catalan, le galicien, le basque et l’occitan sont des langues régionales officielles. Chaque jour des gens meurent en emportant avec eux leurs mots, leurs expressions, leurs langues. Il est important que l'État, les élus et chacun d’entre nous agissent chacun à notre façon à la défense de ce patrimoine utile et magnifique.

Il faut bien terminer là par l’occitan : Cal salvagardar nòstras lengas regionalas !


NDLR : Dans cet article n’est pas traité des langues régionales des DROM-COM, complexes mais néanmoins intéressantes, un article sur ce sujet paraîtra prochainement dans Fen’omène, n’hésitez pas à faire vous même preuve de curiosité !


Commentaires


  N'hésitez pas à partager cet article pour nous soutenir !

bottom of page