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Lou

Michel Barnier, premier ministre français !

Après près de 50 jours dans le silence, la peur mais aussi l’espoir, le président français, Emmanuel Macron a enfin nommé un premier ministre, Michel Barnier. Ce député LR de 73 ans devient le plus vieux premier ministre français, précédant le plus jeune. Malgré une carrière politique dense, il soulève indignation et questionnements


Tout d’abord, un portrait de Michel Barnier


« Un homme des montagnes » entend-on sur notre nouveau premier ministre. Michel Barnier est originaire d’Isère. Il s'engage en politique en 1973 - après avoir d’abord adhéré à l’UDR, parti gaulliste, -d'abord en Savoie, puis au niveau national et européen. Il est élu député pour la première fois en 1978.

Il faut retenir de lui 3 grands axes politiques. Tout d’abord, Michel Barnier est particulièrement attaché à son département, la Savoie, dont il est à plusieurs reprises député et sénateur. Sa loyauté ne touche pas seulement son territoire, mais aussi son parti ; il n’a jamais quitté LR depuis son entrée dans le monde politique.

Aussi, on connait son nom pour son rôle dans les Jeux Olympiques d’Hiver d’Albertville en 1992, qu’il organise aux côtés du triple champion olympique de ski, Jean-Claude Killy.

Enfin, il est davantage connu pour ses différents postes en tant que ministre et au sein de la Commission Européenne.

Il a été 5 fois ministre: d’abord ministre de l’Environnement (1993-1995), puis ministre délégué aux Affaires européennes (1995-1997), ministre des Affaires étrangères (2004-2005), : ministre de l'Agriculture et de la Pêche (2007-2009) et enfin, depuis le jeudi 5 septembre 2024, Premier ministre.

Mais il s’impose aussi au niveau européen :

Premièrement Commissaire Européen à la Politique régionale (1999-2004), par la suite député européen, président des députés européens PPE élus en France (2009-2010), puis Commissaire Européen au Marché intérieur et aux Services (2010-2014), négociateur en chef chargé de la préparation et de la conduite des négociations avec le Royaume-Uni (2014-2019) et enfin chef de la force opérationnelle chargée de la finalisation des négociations, des travaux préparatoires liés à la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, appelé le Brexit, ainsi que de la préparation et de la conduite des négociations sur les relations futures avec le Royaume-Uni( 2019-2021) .

Ainsi, Michel Barnier amène à Matignon un bagage politique certain.


Pourquoi une indignation ? Sa nomination ne reflète-t-elle pas un dysfonctionnement de la démocratie ?


La nomination de Michel Barnier, presque une surprise, après près de deux mois de trêve politique, soulève désormais d’importantes indignations, venant majoritairement du front populaire de Gauche, le NFP, ayant obtenu une majorité relative aux dernières législatives, mais aussi de la part de beaucoup de français. Bien sûr, certains politiques de partis de droite et d’extrême droite félicitent M. Barnier pour son entrée à Matignon, sur les réseaux sociaux, comme Laurent Wauquiez, Yaël Braun-Pivet et autres figures de la droite ...

Certes, le refus de cohabitation qu’affiche cette nomination (président et premier ministre de partis opposés) n’est pas illégal, la Constitution de la Vème République l’autorise, mais il s’agit indéniablement d’un refus de démocratie.

S’il y a tant d’indignation, c’est parce qu’il y a un sentiment de trahison : le nouveau premier ministre n’est même pas issu du parti gagnant aux élections législatives, puisque les LR sont arrivés quatrièmes, malgré l’arrivée en tête du NFP aux législatives.

Comme l’a affirmé la Secrétaire nationale d'Europe Écologie Les Verts, Marine Tondelier, les électeurs, et membres du NFP se sentent trahis : « Tout ça pour ça... [...] c’est un scandale ! ». En effet, après s’être intensément mobilisés pour empêcher le RN de prendre le pouvoir, les Français ne voient même pas leur choix respecté. C’est également profondément injuste pour les membres politiques du NFP, notamment les députés insoumis, qui ont accepté de ne pas faire partie du nouveau gouvernement français, pour laisser place à un gouvernement moins “extrémiste”.

Pensons également à Lucie Castets, qui a accepté de se présenter pour le NFP, avec qui elle a écrit un programme, et qui a œuvré au mieux pour devenir première ministre, sans succès.

Mais le mouvement de la gauche ne compte pas s’arrêter là, comme le disent Olivier Faure et Marine Tondelier, Manuel Bompart et les autres, qui ont déjà exprimé les possibilités de motions de censure.

Par ailleurs, Marine Le Pen a félicité notre nouveau premier ministre, et voit son arrivée à Matignon d’un bon œil, car Michel Barnier possède des visions politiques parfois proches de celles du RN. Cela laisse quelques questions, car malgré la bataille du NFP pour empêcher le RN d’accéder au pouvoir, celui-ci n’aurait-il pas ses chances derrière les décisions de M. Barnier


Attentes, questionnements, et inquiétudes


Outre l’indignation de la Gauche, une certaine peur de la part de quelques associations et groupes politiques s’exprime, notamment en rapport avec les votes et idées de Michel Barnier.

Ce dernier a voté en 1981 contre la dépénalisation de l’homosexualité (chez les mineurs, ce qui criminalise tout de même l’homosexualité) , ce qui interpelle plusieurs associations LGBT dont l’association Inter-LGBT,qui, sur son compte X (ex-Twitter), s’est dite « consternée » par la nomination de Barnier à Matignon, « Un signe plus que jamais clair que le gouvernement sera hostile à nos droits et existences ! Tout gouvernement s’opposant ouvertement à nos luttes et nos vies n’est pas une alternative envisageable ! Nous intensifions notre résistance dès maintenant et appelons la société civile à ne pas lâcher ! » twitte-t-elle.


Michel Barnier a également voté contre le remboursement de l’IVG, ce qui désole Mélanie Vogel, sénatrice écologiste des Français de l’étranger : « A la fois sur la dépénalisation de l’homosexualité et sur le remboursement de l’IVG, il a voté contre, alors qu’on est à un moment dans le pays où l’on vient d’inscrire l’IVG dans la Constitution et que l’on veut reconnaître ce droit comme fondamental ».


Malgré ses positions très libérales et très conservatrices, M. Barnier a tout de même, étonnamment, mené une politique écologiste. En 2021, il déclare « L’écologie n’est pas une lubie de quelques scientifiques. Ce n’est pas une mode. Ce n’est pas la propriété d’un groupe, d’un clan ou d’un parti politique. La droite républicaine et le centre doivent avoir une vision, une ambition, un engagement ».


Il a laissé un héritage écologique, avec notamment une taxe Barnier en 1995 : la création de la Commission nationale du débat public (pour discuter de grands projets d’infrastructures), l’instauration d’une taxe sur le transport maritime, l’inscription du principe du pollueur-payeur dans le droit de l’environnement, mais également un fonds pour aider les collectivités à faire face aux catastrophes naturelles, portant d’ailleurs son nom.




Toutefois Michel Barnier reçoit aussi des compliments et l’expression de soulagements de la part de la classe politique de droite.


Du côté de La Droite républicaine, Xavier Bertrand adresse tous ses vœux de succès à Michel Barnier. La présidente de l’Assemblée Nationale elle aussi a accepté le premier ministre, lorsqu’elle déclare sur X : « Nous devons désormais réunir pour réussir [...]. Les députés y prendront toute leur part et sauront prendre leurs responsabilités ». Laurent Wauquiez, le chef de file des députés de la Droite républicaine, s’est dit très enthousiaste sur X. M. Barnier « est un homme d’une grande qualité, qui a tous les atouts pour réussir dans cette difficile mission qui lui est confiée », a-t-il écrit.

Enfin, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a aussi félicité sur X ce fin négociateur qui fut tour à tour eurodéputé, commissaire européen et chargé de négocier avec Londres le retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne. « Je sais que Michel Barnier a les intérêts de l’Europe et de la France à cœur, comme le démontre sa longue expérience ».


Dans le camp présidentiel, le parti Renaissance écarte toute censure automatique, mais ne signe pas pour autant un chèque en blanc.


Le RN en revanche se positionne en arbitre, avec Jordan Bardella, et la présidente du groupe du RN à l’Assemblée nationale, Marine Le Pen, qui ont assuré que leur parti jugerait Michel Barnier sur son « discours de politique générale » avant de décider d’une éventuelle censure. « Nous plaiderons pour que les urgences majeures des Français, le pouvoir d’achat, la sécurité, l’immigration, soient enfin traitées, et nous nous réservons tout moyen politique d’action si ce n’était pas le cas dans les prochaines semaines », a affirmé Jordan Bardella sur X.




Finalement, même si Michel Barnier arrive à contourner les motions de censures, arrivera-t-il à infléchir cette politique macroniste, « solitaire et arrogante » qu’il critiquait tant en 2021 et à unir les français ?


Lou



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