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Photo du rédacteurLou T.

Prolongement du délai de l'IVG : une bonne chose ?

Dernière mise à jour : 10 mai 2023

Ces dernières semaines à l’Assemblée, un débat houleux anime les députés. Alors que la “loi Veil” en faveur de l’interruption volontaire de grossesse s’apprête à fêter son 46ème anniversaire, il est question de prolonger le délai de celle-ci de 12 à 14 semaines. Cette question est d’autant plus importante aujourd’hui car elle intervient à la suite d’une longue période d’enfermement quasi internationale empêchant de nombreuses femmes d’avoir recours à l’avortement lorsqu’elles le désiraient.


Le 8 octobre dernier, les députés saisissaient pour la première fois cette nouvelle proposition de loi, c’est le même jour qu’ils ont voté (à 102 voix contre 65) en faveur de celle-ci malgré l’opposition de nombreux médecins jugeant l’opération trop tardive et trop dangereuse pour les femmes concernées. Mais alors : qu’en pensent les lillois concernés de près ou de loin par la question ? Nous avons, pour le savoir, interrogé l'infirmière du lycée ainsi qu’une pharmacienne et une conseillère du planning familial… et quelques lycéens et passants qui ont accepté de répondre à nos interrogations.

Parmi les avis récoltés, de nombreux furent favorables à une augmentation des délais de l’avortement pour différentes raisons. La plupart du temps il nous a été dit qu’une prolongation des délais était souhaitable afin d’éviter que de nombreuses femmes se retrouvent à avorter à l’étranger dans de mauvaises conditions et pour une somme importante. Aussi, de nombreuses personnes furent favorables, prenant en compte le fait que parfois, les femmes réalisaient trop tardivement qu’elles étaient enceintes ou, en tout cas, n’avaient pas le temps de bien réfléchir, d’autres disent que deux semaines n’étaient pas suffisantes pour un changement d’avis si important.

Un jeune homme d’une vingtaine années nous a expliqué qu’il ne voyait pas pourquoi les députés se donnaient le droit de regard sur la liberté personnelle et physique des femmes et qu’il était en faveur de la prolongation tant que l’opération restait encadrée.

"Ce n’est pas une prolongation du délai qui réduira le problème : c'est avant tout un problème de moyens (...)"

Cependant, la conseillère du planning familial nous a informées sur deux points importants. Premièrement, ce n’est pas une prolongation du délai qui réduira le problème qui est avant tout un problème de moyens, dans les hôpitaux avec un manque de place et d’information. En effet, malgré une ouverture d’esprit ces dernières années, le sujet reste tabou dans certaines familles. Ensuite, le projet de loi vise à la suppression d’une clause de conscience supplémentaire concernant l’IVG. C’est-à-dire que les médecins ont tous le droit de refuser une quelconque opération ou intervention tant qu’ils redirigent leurs patientes ailleurs, c’est la clause de conscience. En ce qui concerne l’IVG, il y a une double clause de conscience très stigmatisante pour l’intervention en question, le médecin n’étant pas forcé de donner suite à celle-ci, sauf en cas d’urgence vitale. Le projet de loi vise donc à la suppression de cette possibilité de refus supplémentaire.

Parmi les solutions envisageables proposées, il nous a été dit qu’il serait intéressant de prévoir cette possibilité de prolongation pour les médecins dans les cas les plus graves sans pour autant en faire une loi définitive et universelle.

Sans exprimer d’avis catégoriquement négatif, certains hommes nous ont confié ne pas vraiment se sentir concernés par la question ou ne pas s’y être intéressés mais considérer l’avortement et tout ce qui le concerne : “primordial dans notre évolution de la société vis à vis de la condition féminine.”

Alors : mesure primordiale ou décision somme toute anodine ? A vous de vous faire votre propre avis. En attendant, la proposition de loi votée par l’assemblée est passée entre les mains des sénateurs : à eux de faire avancer le débat.

Affaire à suivre…

Lou Turbelin


image de couverture : H.Hach/ Pixabay

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