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Anna

Rammstein, un groupe dans la démesure ?

Dernière mise à jour : 10 mai 2023

Rammstein, peut-être que ce nom vous dit quelque chose ? Ce groupe de metal allemand formé au début des années 1990 est mondialement connu et performe aux quatre coins du monde. À l’occasion de sa tournée européenne de cet été, l’un des membres de Fen’omene a eu la chance d’assister à cette démonstration pyrotechnique. Leurs concerts sont en effet connus pour être de véritables shows, mais avant d’évoquer le spectacle son et lumière intéressons-nous aux artistes en eux-mêmes.


Les six membres originaires de Berlin sont des amis de longue date dont on sent la complicité et l’humour dans leurs créations musicales ainsi que lors de leurs concerts. Richard Kruspe et Paul Landers à la guitare et aux chœurs, Oliver Riedel à la basse, Christoph Schneider à la batterie, Christian Lorenz est le claviériste et le sampleur du groupe et pour finir Till Lindemann en est le chanteur. Dans leur jeunesse, ils appartenaient à six groupes différents et vivaient en République Démocratique Allemande, sous le contrôle du parti communiste. Leur liberté d’expression étant entravée, la musique était leur seule échappatoire bien qu’il soit à l’époque très difficile de se produire et d’avoir une reconnaissance. En 1989 lors de la chute du mur de Berlin, peu de ces groupes ayant vu le jour quasiment illégalement ont perduré, les groupes respectifs des membres de Rammstein n’ont pas manqué à la règle. Mais comme vous pouvez vous en douter, ils n'ont pas arrêté la musique pour autant, et ils ont eu raison : avec six albums dont le dernier est sorti en 2022, ils remplissent des stades et doublent quasiment toutes leurs dates. Leur premier album, Herzeleid est celui qui les a fait connaître mais aussi ce qui a engendré leur première polémique, qui ne sera pas la dernière.




Un groupe qui a suscité de nombreuses polémiques


En effet, de la pochette d’album représentant les six membres posant torses nus au rythme martial de certains morceaux, tout, pour certains évoque l’imagerie nazie. Le choix de chanter dans leur langue natale, l’allemand a permis au groupe de se démarquer mais lui a, dans un autre temps, porté préjudice. Le roulement de « r » de Till Lindemann, le chanteur, qui ne résulte en fait que de l’accent de sa ville natale, Leipzig, n’a fait que renforcer les accusations infondées. Très médiatisé, l’utilisation d'extraits de l'œuvre de la cinéaste nazie Leni Riefenstahl dans le clip de leur reprise de Stripped de Depeche Mode, a sonné pour certains, comme un aveu. Le groupe, lorsqu’il a validé les images extraites du film « les Dieux du stade », ne l’a fait que pour l’aspect esthétique de celles-ci sans penser à leur connotation politique. Rammstein a évidemment démenti ces accusations qui au début leur semblaient plus amusantes qu’autre chose. Par la suite, le groupe a sorti le morceau Links 2 3 4 paru sur l’album Mutter qui avait implicitement pour but de compléter les réfutations déjà exprimées.

Les accusations de nazisme ne sont pourtant pas les seules qu’ils ont essuyées ; en effet, avec ses nombreuses provocations, le groupe est assez clivant. Son simple nom est provocateur : la formation doit son nom à la ville de Ramstein, en Rhénanie, célèbre pour le crash d'une dizaine d'avions italiens lors d'une prestation publique en 1988, ayant causé soixante-sept morts. Quant au « m » supplémentaire il est dû à une simple faute d'orthographe survenue lorsque les musiciens ont retranscrit le nom de la ville sur leur première maquette. Au-delà de ça, on peut voir que le contenu suit les traces du nom avec de nombreuses références à des sujets controversés. On peut prendre l’exemple de « mein teil » qui évoque l’histoire d’Armin Meiwes, surnommé “le cannibale de Rotenburg” : il se serait nourri de 20 kg de viande de son partenaire durant 10 mois. Bien que les membres de Rammstein se définissent comme de simples artistes ne souhaitant transmettre aucun message politique, on peut parfois retrouver des dénonciations dans certains de leurs morceaux. C’est le cas de « Zeig Dich » qui dénonce l’hypocrisie de l’église et les abus sexuels dans ce milieu. Une autre action politique qui a été très médiatisée est le baiser des deux guitaristes, Richard Kurpse et Paul Landers devant un stade de 81 000 personnes à Moscou, capitale d’un pays peu ouvert sur les questions LGBT+.


De vrais shows pyrotechniques


Si vous aviez entendu parler de Rammstein, peut-être était-ce pour leurs shows ? On peut en effet dire que les membres du groupe savent mettre à profit le diplôme de pyrotechniciens qu’ils ont acquis à leurs débuts. Ils n’hésitent effectivement pas à faire brûler un certain nombre de choses, y compris Christian Lorenz surnommé « Flake », le claviériste, mais surtout la mascotte du groupe, dans une marmite lors du morceau Mein Teil. On est également forcément étonné des feux d’artifices lors du morceau « Du hast », crachés par un canon moins controversé que celui du morceau « Pussy », du fameux arc enflammé de « Du riescht so gut » ou encore des impressionnantes ailes cracheuses de feu de « Engel ». On peut également être effrayé de la poupée de cire qui brûle dans un berceau lors du morceau « Puppe ». Ses cendres se diffusent du haut des quatre poteaux géants répartis au milieu du public sous forme de petits papiers noirs. Pouvant également cracher du feu comme lors du morceau « Sonne », ces immenses piliers participent à donner l’impression que le show ne se déroule pas seulement devant nous, mais tout autour.

Ajouté à ces effets pyrotechniques impressionnants, la mise en scène très travaillée et parfaitement orchestrée justifie les 89 euros que coûte une place dans la fosse. Associés au duo de pianistes françaises Abélard, ils n’hésitent pas à les rejoindre sur une deuxième scène plus petite utilisée pour la première partie en bateau gonflable, portés par le public, pour le morceau « Engel ».


Un impact écologique fort


C’est bien beau toutes ces flammes, mais les quantités de pétrole utilisées nous ramènent à la réalité. En effet, l'empreinte carbone du groupe est immense.

L’industrie de la musique a des progrès à faire en matière d’écologie. En effet une étude montre que les concerts génèrent 405 000 tonnes de gaz à effet de serre par an. 30% de ces émissions sont dues au déplacement des spectateurs, venant parfois en avion pour voir leur artiste favori.

Certains artistes, pourtant, essaient de trouver des solutions. On peut prendre l’exemple du célèbre groupe britannique Coldplay qui s’est engagé pour sa tournée de 2022 à réduire de 50% son empreinte carbone. Pour cela le groupe a encouragé les spectateurs à amener leur gourde, a installé un plancher cinétique et des panneaux solaires pour produire de l’électricité, a utilisé des confettis biodégradables ainsi que mis en place plusieurs autres changements qui ont pour objectif de limiter l’impact écologique de leur concert. Malgré leurs donations en faveur de la reforestation notamment, le groupe est accusé de greenwashing : en effet, leur tournée précédente avait mobilisé 32 semi-remorques, 109 techniciens pour 122 concerts sur 4 continents avec 5.4 millions de spectateurs et émis près de 3 000 tonnes de CO2 dans l’atmosphère. Cette réduction était donc une nécessité et il était difficile de faire pire dans tous les cas.

Mais qu’en est-il de Rammstein dans tout ça ? On a beau critiquer Coldplay, la consommation du groupe de métal au cours de ses tournées est effarante. En effet, les effets pyrotechniques impressionnants du show consomment plus de 1000 litres de carburant par concert ainsi qu’environ 1 million de watts soit de quoi alimenter 650 foyers moyens. Ceux-ci servent à faire fonctionner, entre autres, les 180 amplis, 370 enceintes, et les plus de 2000 projecteurs. Disposés sur la scène de 70 mètres de large sur 40 mètres de haut qui pèse au total plus de 300 tonnes ils participent à l’efficacité et à la grandeur du spectacle. Cette scène, produite en deux exemplaires pour être préparée simultanément dans deux pays, nécessite 10 jours de montage et mobilise 300 techniciens qui se relaient jour et nuit. Ces quelques 1000 tonnes de matériel mobilisent 180 semi-remorques pour les déplacements européens et 7 Boeings 747 lorsqu’il faut changer de continent.

Impressionnant non ? Mais surtout terrifiant : toute cette consommation d’énergie pour un seul concert pose de réelles questions sur les choix faits en matière d’économies. C’est pourquoi il est urgent et nécessaire de se demander si tout cet attirail est bien essentiel et surtout de trouver des solutions pour réduire au maximum l’impact environnemental du groupe.


Anna

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